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Traitement endo-canalaire de dents compromises en tant qu’alternative thérapeutique chez les patients recevant des biphosphonates : une étude clinique prospective sur 60 mois (5 ans)

Traitement endo-canalaire de dents compromises en tant qu’alternative thérapeutique chez les patients recevant des biphosphonates : une étude clinique prospective sur 60 mois (5 ans)

150 150 SFE Endodontie

Traitement endo-canalaire de dents compromises en tant qu’alternative thérapeutique chez les patients recevant des biphosphonates : une étude clinique prospective sur 60 mois (5 ans).

Les Biphosphonates (BPs) correspondent à une classe de médicaments anti-résorbeurs osseux prescrits dans le cadre de résorptions osseuse sévère pour des raisons oncologiques mais aussi pour traiter l’ostéoporose. Selon la molécule utilisée, le motif de prescription, la dose et le temps d’administration, ils peuvent majorer considérablement le risque d’ostéonécrose des mâchoires chimio-induite, pouvant être déclenchées par des causes traumatiques comme une avulsion ou encore la présence d’une infection intra-osseuse. Les traitements visant à conserver les dents sur l’arcade sont donc des alternatives intéressantes à l’avulsion qu’il convient d’explorer.
Cette étude prospective sur 5 ans vise à évaluer les taux de survie et de succès après traitement endodontique chez des patients sous BPs, ainsi que l’implication dans ces taux, de facteurs annexes comme la consommation tabagique, la molécule prescrite, le motif de prescription, ou encore la présence d’une radioclarté péri-radiculaire pré-traitement.

M&M : Un groupe de patient prenant des BPs depuis plus de 24 mois et un groupe contrôle n’en recevant pas sont constitués. A l’intérieur du groupe BPs, en tenant compte des critères de Taxel sur le meilleur choix de reconstitution coronaire possible, deux sous-groupes sont constitués, l’un bénéficiera de reconstitutions coronaires afonctionnelles juxta-gingivales car les dents sont jugées trop délabrés pour supporter une charge occlusale, tandis que les autres bénéficieront d’une reconstitution coronaire classique mise en charge. Tous les patients du groupe contrôle non traité par BPs auront une reconstitution coronaire fonctionnelle.

Résultats :  A l’issue des 5 ans l’étude ne met pas en évidence de différence statistiquement significative pour les taux de survie ou de succès entre les patients recevant des BPs et ceux n’en recevant pas. La molécule utilisée et le fait que l’indication soit oncologique ou ostéoporotique n’ont pas d’impact sur la réussite du traitement endodontique, seules la consommation de tabac, la localisation mandibulaire et la présence d’une radioclarté pré- opératoire (PAI >3) constituent une perte de chance.
Les auteurs concluent donc au grand intérêt du traitement endodontique avec une restauration non fonctionnelle dans notre arsenal thérapeutique en lieu et place de l’avulsion chez le patient à risque d’ostéonécrose des mâchoires chimio-induite.

Quelques éléments pour aller plus loin dans la compréhension de cet article avec ses limites :
Le groupe contrôle a été rajouté a posteriori et est rétrospectif a contrario du groupe BP, prospectif.
Les dents vitales sont traitées et restaurées en une seule séance, les dents nécrosées et retraitées le sont en deux séances avec un intervalle de près de 2 semaines pour certaines, ce qui peut être préjudiciable et augmenter le risque d’échec, la répartition au sein des groupes n’est pas communiquée par les auteurs.
Le type de restauration coronaire au sein des groupes recevant une charge occlusale, va du simple composite à la reconstitution à l’aide d’un tenon fibré, le délabrement initial ainsi que le risque de fracture associé n’est donc pas le même et la répartition des dents recevant un tenon au sein des groupes n’est pas communiquée.
Les dents BPs sont pour 43% afonctionnelles alors que 100% du groupe contrôle reçoit une charge occlusale. La cause majeure de perte de la dent au sein de ce groupe dans l’étude est la fracture (58 à 83% des cas, les tableaux données comportent des erreurs il n’est donc pas possible de connaître le pourcentage exact). Cette non comparabilité des groupes quant au principal facteur de risque de la perte dentaire de la dent traitée endodontiquement et restaurée est en faveur du groupe BPs et pose question quant à une amélioration du pronostic liée à cette non-comparabilité.

Take Home message : Le traitement endodontique et la restauration juxta-gingivale afonctionnelle d’une dent fortement délabrée et dont la seule alternative est l’avulsion est une solution thérapeutique fiable pour prévenir le risque d’ostéochimionécrose chez les patients recevant des BPs avec un taux de succès similaire à ceux retrouvés chez des patients sains.

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